
Ici je souhaite partager avec vous quelques inspirations, celles qui nourrissent ces temps ci mon processus artistique et pourquoi pas maintenant, un peu le vôtre :) L'inspiration est ainsi faite qu'elle se développe par association d'idées, d'images, de sensations et ressentis, les mêmes oeuvres n'évoqueront pas les mêmes choses pour chacun, ce pourquoi l'inspiration est sans fin et personnelle, qui s'épanouit aussi dans le partage, ce que je trouve fantastique et fascinant ! Aujourd'hui ce qui m'importe quand je regarde une oeuvre, c'est la sensation qu'elle me procure, elle véhicule une certaine énergie, quelque chose émane d'elle et je ne cherche pas à savoir comment ni pourquoi, je m'y abandonne... Alors voici ma sélection de Mars !

Odilon Redon (1840-1916)
Je l'aime pour ce mysticisme qui me parle tant, cette lumière qui semble littéralement surgir de ses œuvres ! Pour moi une œuvre peut être une sorte de vortex, il en émane des choses, son lot de lumière ou de souffrance... D'ailleurs Matisse proposait bien à un ami malade de lui apporter des œuvres et de les disposer tout autour de lui pour le guérir ! L'art comme vertu thérapeutique...
La lumière incandescente qui s'échappent de certaines œuvres de Redon, c'est de ça dont j'aimerais vous parler aujourd'hui... De mystère aussi, un sentiment de solitude qui transite et a réussi à être sublimé... Cette sensation d'absolu. Ses personnages sont comme peints avec leur aura... C'est salvateur et quand je me sens en tempête intérieure, je regarde ses œuvres qui m'apaisent. D'ailleurs la tempête est un thème récurrent chez lui... J'ai l'impression qu'avec ses couleurs c'est ma palette d'émotions qu'il déploie...
Même si je suis moins touchée par le versant surréaliste de son travail (ses noirs), je trouve son évolution très émouvante, il semble se rapprocher de son immatérialité et de sa nudité en même temps qu'il utilise enfin la couleur après vingt-cinq années de noir et blanc (fusain) et gravure... c'est bouleversant d'apprendre que cette couleur intervient à une période difficile de sa vie, une crise, qui lui fera définitivement délaisser le "noir"...se tournant vers la couleur comme l'on se tourne vers la vie et la foi, c'est finalement une révolution lumineuse, un abandon vers la clarté... C'est certainement pour cela que c'est aussi intense... A été fixé l'ardent, la lumière retrouvée et tout ce qu'il fallait de nuits pour cela.


Devant cette exaltation qui appelle et enchante, il semble que le pouvoir de l'art s'exprime sans limite pour ricocher en nous... Quelle capacité heureuse de réceptionner ainsi des œuvres en soi, parfois diluées parfois indélébiles...
Nietzsche écrivait bien : "Quand tu regardes l'abîme, l'abîme regarde aussi en toi", cela est alors vrai pour le reste également... Devenons cet élan, quelques éclats lumineux à force de laver notre regard à la beauté...



“J’ai voulu faire un fusain comme autrefois, impossible, c’était une rupture avec le charbon. Au fond, nous ne survivons que grâce à des matières nouvelles.
J’ai épousé la couleur depuis.” Odilon Redon, 1902


Si vous êtes à Paris, allez voir ses pastels au Musée d'Orsay, dans le cadre de l'exposition "Pastels, de Millet à Redon".